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Sujet: #__Blue sky, sunbeams. PV Perlée. Mer 17 Mar - 17:01
Blue sky, sunbeams. Il n'y a point de hasard.Voltaire.
Le soleil avait enfin décidé à sortir des nuages, pour contempler le monde de sa demeure céleste. Ses rayons ardents incendiaient la ville, faite d'une lumière pâle et blafarde, version désoeuvrée d'un Paradis amoureux de l'Enfer. Les moteurs des monstres vrombissaient, et l'écho se répercutait, au loin, encore et encore, infini. Les grandes tours de fer brillaient telles des miroirs gigantesque, et les maisons plus petites profitaient de leur ombre. Il y avait un étrange accord entre les grands immeubles et les petits lotissements, comme des êtres très différents mais de la même race. Des bipèdes se pressaient aux travers des rues et des routes, emmitouflés dans leurs étranges fourrures aux couleurs criardes. Un petit criait, et sa mère égallement, mais personne ne semblait y préter attention. Le vacarme était pourtant insoutenable. La femelle giffla son enfant d'un coup sec, et celui pleura encore plus fort. Cette fois, quelques passants se retournèrent pour jeter des coups d'oeil désaprobatteurs, et la mère, honteuse, n'eu d'autre choix que de prendre le jeune dans ses bras pour poursuivre son chemin.
"Ces bipèdes sont fous. Ils n'ont jamais appris à aimer."
Ainsi pensait Mystères d'Orient, perché sur le toit de l'Eglise. L'assention avait été dangereuse, mais le résultat était satisfaisant: sous sa patte gisait les cadavres de trois pigeons. Ceux ci ne pensaient pas avoir à faire à un chat sur le toit de leur "repaire". Aussi dormaient-ils lorsque le Birman était arrivé sur les lieux. Il les avait alors tués tout trois silencieusement, avec une seule et unique morsure à la jugulaire de chacun. Dommage que le dernier ai eu le temps de pousser un cri pour avertir les autres, qui s'étaient tous enfuis. Etrangement, même les pigeons semblaient plus intelligents que les humains. Ceux-ci auraient peut-être opposés une résistance farouche mais inutile, si ils avaient été aussi petits et démunis qu'un oiseau. C'aurait été ridicule, bête et idiot: il fallait savoir avouer sa défaite. Lui-même, le Lieutenant de la Foudre, l'avouait. C'était plus sage. Car à quoi sert une résistance inutile, sinon à se faire ridiculiser? Il en était là dans sa méditation lorsqu'un bruit, infime, se fit entendre derrière lui. Le frottement des coussinets sur la pierre du toit. Un chat, donc. Et, vu l'odeur, un chat des Ombres. Un autre que lui aurait été sur ses gardes: la Foudre et les Ombres étaient, apparement, des ennemis héréditaires: les guerres sanglantes entre les deux clans étaient racontées encore aujourd'hui, pour le plaisir des anciens et des jeunes chatons. Lui, l'ancien solitaire, ne connaissait pas tout cela. Il n'avait aucune raison de se méfier. Il eut un tic à l'oreille droite, indiquant qu'il avait sentit la présence de l'autre chat. Une femelle, apparement. Mais, à par ça, il resta parfaitement immobile, face à l'horizon, le soleil rajoutant de chaudes nuances à sa fourure crème. Un dieu oriental dans toute sa splendeur.
Dernière édition par Mystères d'Orient le Ven 19 Mar - 19:43, édité 3 fois
Sujet: Re: #__Blue sky, sunbeams. PV Perlée. Mer 17 Mar - 21:15
P.erle O.rangée
Life never falls haphazardly
Deux jades dans l'obscurité. Elles scintillaient de mille feux dans le jour naissant. Encore un jour gris. D'après l'instinct de la jolie chatte qui méditait, le regard perdu dans le vague, ça allait encore être un de ces jours dont la pollution recouvrait tout, tellement. Cette couche nuageuse qui obstruait tout autour d'elle, y compris la ville. Mais elle savait, que malgré les intentions des Bipèdes pour y luter, que rien ne pourrait y changer grand chose. Et son cœur battit plus vite. Si ces maudits Bipèdes étaient restés loin de tout cela, loin de la forêt, les blaireaux seraient restés loin, dans leurs territoires, et cette plaie qui faisait souffrir son cœur, ce trou béant qui la brulait dès qu'elle repensait au beau pelage ébène de sa sœur, ne se serait jamais ouvert... Elle soupira, luttant contre la nausée qui l'envahissait, la faisant culpabiliser. La tête lui tournait, délibérément, et refusait de faire marcher son cerveau afin qu'elle ne se lève, et qu'elle profite de la vie, comme avant. Qu'elle oublie. Tout, tout oublier.
Comme avant... Mais enfin, ce que tu peux être niaise! Rien ne seras plus jamais comme avant. C'est terminé. Alors oublies les, si bon te semble, mais saches que ça ne servira à rien. Car tout au fond de toi, cette plaie béante refuseras toujours de se fermer. Ou même de se réduire à une fente. Rien ne seras plus. Ta place est ici. Dans la présent, pas dans la passé. Elles sont mortes, et tu n'y changeras strictement rien!
La magnifique guerrière flamboyante secoua la tête, déclenchant une douleur encore plus folle que la précédente. Elle se leva péniblement, pour s'isoler, comme à son habitude. Ses pattes la menaient où bon leur semblait. Soudain, le soleil fit son apparition. Sortant brusquement de la vague de pollution qui l'entourait. Ses magnifiques rayons luisaient d'un pâle éclat. Fantomatique. C'était le juste adjectif correspondant à la lumière qui illuminait la ville. Elle lui jeta un bref coup d'œil, avant de se mettre à l'ombre pour ne pas que sa magnifique fourrure étincelle de trop. Mais elle était nimbée d'argent. Comme si l'Astre qui brillait au dessus de sa tête était celui de la nuit. Apercevant au loin le clocher et sentant son ventre gargouiller, elle s'en alla. Suivant la grande place que la grande église ombrageait. Quand elle y arriva, elle grimpa rapidement. Puis, tout près du clocher, elle acheva un pigeon qu'elle emmena sur le toit. La vue panoramique qui s'offrirait alors à elle, l'aiderait peut être à réfléchir. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle découvrit un autre chat, devant elle. Un birman. Au long pelage crème... Du Clan de la Foudre...
Elle s'approcha méfiante, et un tic de l'oreille gauche du matou lui indiqua qu'il l'avait, lui aussi senti. Elle s'approcha, sans dire autant une parole, déposant délicatement sa proie à ses pattes. Son pelage roux, si haut, était à présent enflammé.
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Sujet: Re: #__Blue sky, sunbeams. PV Perlée. Ven 19 Mar - 19:40
Incandescente. Ses yeux, dans un rêve sans fin, flottent insoucieux,...Paul Verlaine.
La chatte vint s'asseoir à côté de lui, et, sans même tourner la tête, en ne bougeant presque pas les yeux, il la contempla.
Son corps fin était tendu comme la corde d'un arc: raide et digne, sa posture était celle d'une statue de pierre, figée dans l'instant présent, suspendue à travers le temps. Elle semblait être là depuis toujours. Son visage aux traits délicats mais acérés était grave, et son regard d'émeraude exprimait une tristesse indiscible, une mélancolie profonde, et un regret sans nom. Néamoins, la sagesse luisait au fond de ces deux pierres de jades, flamme blanche et claire éclairant la plus obscure des routes. Mais, éclipsant tout cela, il y avait sa fourrure. Flamboyante était le premier mot qui lui vint à l'esprit. Le pelage flamboyait, incendie rivalisant avec l'éclat du soleil lui même, brasier chatoyant de milles et une couleurs. Beige, vermillon, roux pâle et roux d'automne venait s'y méler en un maëlstrom incendiaire et aveuglant, si bien qu'il dut détourné son regard pour ne pas se brûler les yeux. Il reporta son attention sur l'horizon, et celle ci lui parut presque terne, comparé au brasier qu'était la fourrure de l'inconnue. Le soleil qui se couchait derrière les dernières maisons semblait pâle, d'une jaune décoloré. Le ciel pris des teintes grises, et l'éclat des rayons sembla s'atténuer. Rien ne pouvait égaler l'incandescence du pelage de sa voisine. Cependant, il savait que bientôt, la terre reprendait des couleur. Il devait seulement apprendre à ne plus la fixer si profondément. De longues minustes passèrent avant qu'Orient ne se décide à rompre le silence. Certes, il appréciait l'absence de bruit autour de lui, mais ce n'était pas le meilleur moyen de faire connaissance. Et il voulait apprendre à connaître une personne aussi... brillante. Brillante, au sens propre du terme.
-C'est beau.
Sa voix grave vibrait de sagesse, plus calme qu'une eau sans ride, qu'une plaine sans vent ou qu'un désert ardent. Le silence lui-même s'exprimait, de sorte que la voix se fonde dans l'instant, murmure d'un rayon de soleil ou d'une brise de vent. Ainsi, le temps n'en avait pas été affecté.
Sujet: Re: #__Blue sky, sunbeams. PV Perlée. Ven 19 Mar - 21:12
P.erle O.rangée
Ses yeux... Iris turquoises, fixant à s'en brûler les pupilles, cette inconnue au pelage flamboyant...
Perle Orangée s'assit. Sans contrefaçon, aux côtés du beau mâle à la magnifique fourrure. Leur deux pelages se frôlaient presque, avec la légère brise soufflant du Sud. Et elle le vit. Pour la première fois. Il tourna à peine la tête, ne bougeant presque pas les yeux, mais la regardant, éperdu dans cette flambée de flammes, cette fourrure tourbillonnante, étincelante, magnifique. Ce mélange de couleur afin de n'en former pus qu'une. Mélange de vermillon, roux pâle et encore d'autre, pour cette incendie que révélait le soleil couchant en cette chatte...
Ce chat, inconnu, la regardait, et elle faisait de même. Son pelage crème long et soyeux était magnifique. Bien qu'il ne scintillait pas sous cette lueur qui appartenait au jour, il en disait long sur les aventures et l'âge du matou. Au clair de lune, cette fourrure devait se nimber d'argent et exploser, d'une multitude de petites étoiles magnifique. Elle devait alors ressembler à la lune, en elle même, comme la chatte rousse ressemblait au soleil... Et ses yeux. Ses yeux... Iris turquoises, fixant à s'en brûler les pupilles, cette inconnue au pelage flamboyant... Mais son visage, aux quelques cicatrices, était la sagesse même. Il était jeune, mais aguerri. Il avait connu quelques printemps, mais pas plus que cinq. Oh non. Elle abaissa son regard émeraude sur ses pattes, regardant le pigeon mort à ces pieds. Lui, tout sanglant, n'avait rien de beau. Et pourtant... On devinait sous ce corps écarlate les quelques plumes bleues-vertes, qui autrefois, brillait elle aussi, comme un mélange des Mer de Caraïbes, et du ciel d'été.
Soudain, elle ne sentit plus le regard glacé, mais pourtant si chaud du mâle posé sur elle. Lui jetant un coup d'œil, elle s'aperçut qu'il regardait l'horizon, devant lui. Elle le regarda, elle aussi. Le soleil n'allait pas tarder à s'éteindre, et alors, peut être verrait-elle son rêve d'étoile dans le pelage du matou...
- C'est beau.
Il avait lâché ça. Mais au moins, il avait rompu ce silence...
<< Oui. Vraiment magnifique... >>
Sa voix s'était cassée, sur la fin...
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Sujet: Re: #__Blue sky, sunbeams. PV Perlée. Sam 20 Mar - 13:40
Passé heureux, présent monotone, avenir incertain. Se repentir du passé, s'ennuyer du présent, craindre l'avenir: telle est la vie.Ugo Foscolo.
La femelle reporta son attention sur l'horizon, elle aussi. Le soleil se mourrait derrière les immeubles, ses rayons s'éteignaient, petit à petit. La lumière devenait pâle, fantomatique et inexistante, comme chaque nuit dans cette ville; le ciel s'assombrissait, passant du rouge au violet pâle, qui fonçait petit à petit. Bientôt, il serait couleur d'encre, entre le noir et le bleu marine, avant de revétir totalement son impénétrable manteau de nuit, piqueté d'une multitude d'étoiles d'argent, scintillantes, brillantes. Il en était ainsi depuis la nuit des temps, il en serait toujours ainsi, demain, dans un mois, un an, une décennie, un siècle, un millénaire. Les bipèdes pourront détruire le monde, ter les arbres et infanter des villes, poluer le ciel et les rivières, à leur guise: il n'empécheront pas ce cycle naturel de s'éternisé, encore et encore, jusqu'à la fin des temps.
Pour l'instant, cependant, le soleil était là, enflammant toujours le pelage de l'inconnue. Que se passerait-il quand Appolon laissera sa place à Artémis? Brillerait-elle encore, éternel astre illuminant la ville? C'était le plus grand des mystères, lui sembla-t-il: le soleil ne survivait pas la nuit, et elle était le soleil.
-Oui. Vraiment magnifique...
La trille de sa voix résonna dans l'espace, miaulement inaudible pour les bipède, mais mélodie sans nom pour lui. Ces belles paroles se félèrent cependant à la fin, comme un oiseau pris au piège d'une sorte de tristesse sans visage. Elle regrétait. Le regret était un mal qui avait pris tout les chats, dans la ville; le passé avait tracé dans leur coeur une longue balafre, preuve indiscutables que l'absence de l'abri de arbres les faisaient souffrir. Et plus encore, il le devinait. Il choisis de la questionner à ce sujet. Pas trop, pas de manière indiscrète, mais suffisement pour lui permettre de rejeter un peu de sa douleur sur Orient, qui l'acceuillerait volontiers. Il n'était pas assez sensible pour souffrir du malheur des autres, et pouvait donc supporter le sien sans peine. Sa voix ce fit douce, et sa rauque basse prit un reflet rassurant, telle le duvet d'un oiseau:
-Regrettez-vous la vie dans la forêt? Je sens en vous un profond trouble.
Il ne s'était pas retourné pour la regarder, mais la devinait impassible, le visage fermé, dur comme la pierre. Tout deux était ainsi, semblable: leurs émotions étaient leurs, et jamais ils ne les partageraient avec quiquonque. C'aurait été une sorte de blessure en soi que de partager ses sentiments.
Sujet: Re: #__Blue sky, sunbeams. PV Perlée. Sam 20 Mar - 21:22
P.erle O.rangée
Une douleur qui traverse cet esprit, près à tout pour oublier...
La voix de la magnifique femelle résonna en écho incertain dans l'immensité vide du ciel... Pour ces maudits Bipèdes, qui polluaient, cette partie encore vide du ciel, cela ne voulait rien dire... Mais pour les autres, oui, tous ces autres qui étaient à l'écoute, cela ressemblait à une longue plainte d'une beauté puissante... La rouquine regrettait. Oh que oui, elle regrettait de n'avoir put sauver les deux êtres qui lui étaient les plus chers au monde. Ceux qu'avaient étés Fleur des Neiges et Réglisse. Elle regrettait amèrement ces deux visages. Ces deux formes, ses deux êtres. Elle se souvenait de la beauté et de la fraîcheur de sa mère adoptive, qui avait tout fait pour elle. Son magnifique corps angora blanc, fin et élancé, taillé pour la discrétion et la vitesse. Ses magnifiques yeux turquoises, comme ceux du chat à ses cotés. Son visage si pur et brillant d'amour... Son caractère si sage, face à elle, chaton ignorante. Cette bonté, et cette image qu'elle tentait d'impliquer dans la tête de la guerrière qui se tenait là, à présent... Elle se souvenait aussi, pareillement de sa sœur. Ce petit corps noir charbonneux, mais pourtant si soyeux... Ce minuscule corps créé pour se faufiler partout. Cette boule de poils qui avait tout le temps eu peur de tout, et de se perdre. Son visage qui rayonnait de peur, mais d'amour, lui aussi. Ses deux grandes pupilles d'or... Mais elle se souvenait aussi de ces deux corps, tâché de sang rouge pourpre...
Une larme roula le long de sa joue, mais elle tâcha d'éviter les autres. Il ne fallait pas pleurer. Pas maintenant, pas devant cet inconnu. Encore une fois, elle reporta son intention sur ses pattes et le corps de ce pigeon, tâché lui aussi de sang. Mais qu'avait-elle fait? Elle avait tué, pour se nourrir. Mais si ce blaireau avait aussi tué pour se nourrir? Même! Elle avait détruit le cœur d'une famille...
- Regrettez-vous la vie dans la forêt? Je sens en vous un profond trouble.
Sa voix avait retenti dans le silence... Emplie de sagesse, mais empreinte d'une envie d'aider.
<< Je n'ai jamais connu la forêt... >>
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Sujet: Re: #__Blue sky, sunbeams. PV Perlée. Mer 24 Mar - 19:35
Empathie. Les senstions ne sont rien que ce que le coeur les fait être.Jean-Jacques Rousseau.
La nuit tombait rapidement. Le décor urbain des alentours se parrait peu à peu de mille et une lumières, de toutes les couleurs. Les bruits semblait plus présents, plus vivaces, tels des rêves oubliés qui reviennent à la nuit tombée. Les âmes des êtres, hommes, chats, chiens, oiseau, insectes, tout ce qui vit, semblait scintiller à présent, plus visibles, plus tangibles dans cette barrière entre le jour et la nuit, la lumière et l'ombre, le bien et le mal, cet instant infime et pourtant infini, ou le temps lui-même semblait s'étirer pour ne plus s'écouler, ce moment surnaturel appelé Crépuscule. Le Crépuscule. Le ciel semblait taché de sang, pourpre, orange, carmin, mauve, or. L'indigo avait lui aussi sa place dans ce maëlstrom de couleur vives et brutales, qui s'éffaçaient petit à petit, avalées par le noir des ténèbre, inchangable et inchangé, que seules venaient défier les brillantes étoiles. Les étoiles. Elle teintaient le Crépuscule, venaient le tacher délicatement d'argent. Elles étaient minuscules, les étoiles, et pourtant, elles coloraient le ciel, l'accordaient à la nuit, pour que les couleurs puissent mourir en douceur, laissant leur place au noir profond. Oui, la magie de temps qui passe était belle et rebelle, insaississable, insatiable, inchangable. Immortelle.
Et eux étaient là, deux minuscules âmes devant le futur firmament, devant la scène épique de la bataille entre l'ombre et la lumière, bataille rejouée chaque soir et chaque matin, nommées fièrement Aube et Crépuscule, les deux jumelles sanglantes. Eux se tenaient immobiles, comme le temps, contemplant tout, contemplant rien, pensant, rêvant, vivant. Vivre. C'était devenu dur, de vivre. C'était dur pour tout le monde, quelque soit son origine, sa descendance. C'était dur pour lui, c'était dur pour elle. Elle. Elle le soleil, fille de l'astre de jour, féline flamboyante tenue droite, raide, majestueuse à ses côtés, statue de feu aux milles et une couleurs chatoyantes. Elle, la divine, au nom toujours inconnu, mais qui devait être sublime, à sa hauteur. Elle qui répondit:
-Je n'ai jamais connu la forêt...
La trille de sa voix flotta un instant dans l'air ambiant, puis disparut dans un souffle de vent. La forêt était le nom qu'il entendait aux lèvres de tout les chats, pour la regretter, pour se plaindre de son absence, pour narrer ses grands chênes, ses ruisseaux clairs, sa mousse molle, son herbe verte, et son parfum si beau, si naturel, que vous en étiez transportés. Deux mois déjà qu'elle n'était plus. Deux mois déjà qu'eux, les chats, vivait entre des arbres de métal, sur un sol gris et dur, dans un air putride et pollué. Pour lui, les souvenirs d'enfance décrivaient de hautes montagnes courronées de neiges, des connifères aux senteurs chaudes, un soleil rougeoyant qui se couchait à l'horizon en teintant la terre elle même de ses couleurs de feu. L'Orient. Qu'avait-elle comme souvenirs, elle?
-Qu'avez vous connu, alors? lui demanda-t-il en fixant toujours l'horizon.
Cette fois, le ciel s'assombrissait, la lune pleine montait et éclatait de blancheur, immense et parfaitement ronde. Des taches gris sombre la parsemmait, tel des cratères éteints. Il lui sembla qu'elle l'observait. Sa fourrure changea brusquement d'aspect: de crème, elle passa à argent. Le vrai argent, un halo d'argent, une aura d'argent, froid mais chaud à la fois, éclairant les alentours d'une lumière pure. Ses pointes chocolat, elles, devinrent plus noires que du charbon. Bien sur, il était toujours un chat. Intérieurement. Mais pas en apparence. En apparence, il était désormais un être divin, un fantasme des nuits noires, créé pour les éclairer. Il était un Dieu.
La nuit. Sentiment troublant quand elle n'était plus sous les projecteurs. Soulagement, soupirs. Quand la nuit tombaient, elle était ce qu'elle était vraiment, malgré son pelage. Discrète. C'était sa nature, sa vraie nature. Pas celle qu'on voyait à l'extérieur, en plein jour. Non. Et pourtant, bien des rumeurs couraient à son sujet comme quoi elle adorait qu'on ai l'intention sur elle, et qu'on l'admire. Mais ce n'était que des blablas, ragots colportés d'une bouche à l'autre, modifié tandis qu'ils passaient dans les oreilles des uns des autres. Ce ne sont que des imbéciles, laisse courir. Cette voix aussi, elle ne l'aimait pas, elle appréciait d'être seule. Et cette symphonie qui n'arrêtait pas de faire du bruit dans sa tête l'agaçait au plus haut point. Des imbéciles, oui, mais ça, la jeune chatte au pelage de feu le savait déjà. Et quand l'Astre, le Roi Soleil se coucha enfin, après qu'elle l'ai prié de se dépêcher à s'en brûler les pensées.
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