Street Warriors.
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La forêt de CerfBlanc a été rasée. Désormais, les quatre Clans sont contraints de vivre au cœur de la ville. Une nouvelle vie, de nouveaux dangers...
 
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 Sing a sad song, in a lonely place ♫

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Mélodie Astrale

Membre.
Guerrier du Mistral.


Mélodie Astrale
Membre.Guerrier du Mistral.


PUF : Milka
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Date d'inscription : 07/02/2010

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MessageSujet: Sing a sad song, in a lonely place ♫   Sing a sad song, in a lonely place ♫ EmptyVen 4 Mar - 20:32


Sing a sad song, in a lonely place ♫

Libre



Le jour tirait sur sa fin et Mélodie Astrale remarquait avec un soupçon d’allégresse dissimulée que les murets rosés des habitats occupés par Bipèdes viraient au rouge carmin. Une légère brise annonçait la venue d’un soir d’hiver, frais et hostile, mais les bruissements légers au creux des platanes ou au ras du goudron, soupçons de passages aériens et furtifs, laissaient penser que la vie, à tout petits pas, sortait avec précaution de sa léthargie teintée de givre. Un silence délicieux était relevé par le murmure lointain de la circulation humaine, ce qui n’était pas pour déplaire à la minette au pelage griffé de raies noires. Elle regardait droit devant elle, dressée comme la justice au sommet d’un toit de tuiles écarlates et chauffées par le soleil généreux de la journée passée, alors qu’elle abandonnait son pelage au gré du jeu de son alter ego, le seul qui l’avait toujours vraiment comprise. Le vent. Sous toutes ses formes. Zéphyr délicat en écho à son esprit enjoué, brise froide en allégorie de sa colère... Seul l’aquilon lui manquait. Elle ne goûterait sûrement jamais plus à la grâce dramatique de son déchaînement, elle n’hurlerait plus sous sa coupe titanesque, non. Lui était resté là-bas, dans la forêt.

Mélodie Astrale fut aussitôt enveloppée d’un élan nostalgique à la simple évocation mentale de ce mot. Une myriade de senteurs boisées l’envahissait, sournoisement, alors qu’elle respirait plus intensément pour les chasser et s’imprégner des effluves citadins. Elle souffrait, oui, bien sûr. Mais c’était elle et personne d’autre qui avait fait le choix qui demeurait sien. Et puis, tout bien pesé, la vie en ville présentait des avantages et elle ne voyait plus d’avenir en la hiérarchie trop vieille et usée du Clan du Vent auquel elle avait appartenu. Elle n’avait aucune confiance en Griffe de Pierre, son ancien lieutenant, qui risquait de prendre le pouvoir à tout moment. Non. Elle le savait trop belliqueux, trop assoiffé de victoire, peut-être. Mais enfin. Ces luttes intestines ne l’intéressaient plus, à présent. Elle était ailleurs, loin de toutes les futiles préoccupations des félins de la forêt. Parfois, cependant, au détour d’un rêve, elle se surprenait à les imaginer, eux et leur minois sylvestres. Peut-être étaient-ils tous heureux, en paix, avec assez de réserves de nourriture pour survivre, dans un bel espace giboyeux... Elle se figurait aussi son ancienne tribu, celle à qui elle avait juré fidélité, elle s’en rappelait. Peut-être que ces visages familiers étaient encore balayés par l’aquilon ? A quoi bon se torturer l’esprit alors qu’elle n’avait évidemment aucun moyen de savoir la vérité. Alors elle renonçait, petit à petit, minant progressivement ce qui avait fait d’elle un félin sauvage et indomptable en son for intérieur, s’oubliant, elle-même, parfois. Et, dans un soupir, elle se rendit compte qu’elle était perdue. Oui.

L’œil sage et la mine posée, Mélodie Astrale se sentit l’âme d’une poétesse, au fait des toits dont elle se sentait maîtresse, enveloppée dans une sorte d’apathie agréable. L’astre du jour rougeoyant chatouillait de ses rayons horizontaux la ville qui sombrait, petit à petit, dans la torpeur du soir. La chatte tigrée se leva avec agilité, la ligne droite et la patte experte, dont l’ondulation était rodée depuis de nombreuses lunes maintenant, et qui faisait d’elle un être gracieux, athlétique et féminin. Elle savait qu’elle allait devoir quitter son perchoir bientôt, l’air devenant plus frais et mordant, mais elle fit usage de sa langue rosée, s’accordant le luxe d’un temps d’attente, pour lisser son poitrail gonflé par l’entraînement dont elle avait bénéficié à CerfBlanc ; et, une fois son pelage parfaitement agencé, descendit sinueusement de son repaire par toutes les cavités qu’elle pouvait trouver, alors qu’elle bondit avec souplesse pour se retrouver au contact du sol quelques instants plus tard.

Le ressenti froid et austère sous ses coussinets ne manqua pas de la ramener vite à la réalité. Non, elle n’était pas libre. Bien sûr que non. La morsure de l’asphalte était là pour le lui rappeler. Lui rappeler ses devoirs. Ceux dont elle ne s’était pas encore acquittée. Soit. La chasse. A la simple évocation mentale de ce mot, une cacade de parfums l’envahirent, comme autant de réminiscences nostalgiques. La forêt, encore et toujours. Cet espace détruit. Ce paradis annihilé par la simple folie humaine. Par rien de plus. La vénalité des Hommes, leur soif d’étendre encore et toujours leur territoire, leur immense empire. Essayer de les comprendre ? La muse y avait renoncé depuis longtemps. Ils n’étaient pas du même bois, eux et elle. Décidément non.

L’âme en écharpe, elle permit une nouvelle fois à ses pattes délicates et subtilement tendues d’effleurer le goudron noir et mortifère. Un déchirement. Mais il y avait bien pire, finalement. Elle marchait tout simplement, sans aucune démarche prétentieuse et hautaine, le plus banalement du monde, comme l’aurait fait une chatte poursuivant un objectif immuable. Ainsi, elle passa, légèrement tendue par l’aboiement d’un chien, le murmure d’un bosquet dégarni ou bien la voix grave et injonctive d’un humain – elle avait renoncé à l’appellation naïve de Bipède – qui l’aurait fait frissonner au temps où la forêt resplendissait encore en cacades verdoyantes. Elle sinua entre quelques habitations, toujours sur ses gardes pour rejoindre le pont construit par les Hommes, synonyme pour l’heure au camp de sa tribu, qu’elle attendrait, à la vue de son allure, d’ici à ce que le soleil soit presque caché par les petits nuages qui s’amoncelaient et qui précipiteraient la nuit. Elle avait rempli quasiment tous ces devoirs de guerrière du jour : participer aux patrouilles qui étaient restées stériles, faire ses rapports à la hiérarchie ; et il lui fallait, pour que sa journée soit complètement mise à profit, ramener quelques pièces de gibier au Clan. Ce qui risquait de n’être pas une mince affaire puisque les chances étaient maigres pour qu’un rat fourvoyé vienne pointer le bout de son répugnant museau devant les griffes de la demoiselle. Sa seule alternative était le centre ville. En y réfléchissant un peu, c’était jouable, en courant un peu, elle pouvait s’y trouver avant la tombée de la nuit, débusquer un pigeon comme elle savait le faire et rentrer tranquillement au camp en faisant un petit crochet par le square son petit paradis. Tout bien jugé, elle le ferait. Contre l’ennui.

A qui savait entendre, l’endroit représentait une pollution sonore sans nom. Partout rugissaient les klaxons des monstres plus dangereux que jamais puisqu’ils étaient sur leur territoire. Mélodie Astrale, diminuée par rapport à l’immensité de la place, rasait les murs, en suivant les recommandations du chef lorsque le Clan avait emménagé. Il s’agissait simplement de ne pas faire les frais d’une course poursuite entre deux chauffards ou encore d’être happée par le filet inconnu qui avait pourtant allégrement sévi ces derniers temps. La minette finit par repérer une petite rue adjacente d’où il lui parvenait le doux babille d’un groupe de pigeon amassé là, picorant sans la moindre prudence quelque quignon de pain rassis abandonné là par une âme charitable à leur égard. Le traquenard était dans ses cordes. Bien largement. Elle s’avança dans la rue sombre, sans aucun bruit, réduisant à chaque pas la distance qui la séparait de ses proies qui avaient perdu tout instinct de prudence. Quelques pas et elle bondirait. Elle en aurait forcément un. Voire deux. Un bruit derrière elle. Sourd et mat. Celui d’un animal atterrissant au sol au terme d’un bond spectaculaire. Un chat, donc.
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